We are the secret society

Le temps filait à toute vitesse, et James avait du mal à réaliser que la mi-décembre était déjà là et que bientôt ce serait Noel. Le premier sans son père, et peut-être le premier avec Harry. Même si ce dernier ne semblait pas pressé de montrer le bout de son nez, il ne pouvait pas refuser de sortir éternellement. Il était déjà suffisamment en retard, son arrivée n’était donc plus qu’une question de jours. James était impatient en même temps qu’il crevait de trouille. Le jeune homme confiant et rassurant qu’il était le jour où Lily lui avait annoncé qu’elle était enceinte avait laissé place à un garçon qui craignait de ne pas savoir s’y prendre. Il n’avait probablement pas l’étoffe d’un père, comment, par les caleçons de Merlin, allait-il pouvoir élever un enfant ? Alors certes, si les choses se passaient toujours comme prévu il n’aurait à l’élever que pendant un ou deux ans, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir une peur bleue de s’y prendre comme un manche. Ce qui, en soit, n’était pas une peur infondée, puisqu’il n’avait jamais eu l’occasion de se trouver avec des enfants, encore mois avec des bébés. Il n’avait jamais pris un nourrisson dans ses bras, et rien que l’idée de changer une couche lui donnait envie de vomir. Comment diable allait-il donc faire pour être à la hauteur ?

Heureusement, Lily relevait nettement le niveau. Elle semblait prête à tout affronter, à tout endurer. Même enceinte jusqu’aux yeux, elle parvenait à faire croire à tout le monde qu’elle avait fait une fausse couche, et elle ne demandait jamais de traitement spécial. James admirait son comportement, sachant que lui aurait probablement joué les divas et aurait exigé de se faire plaindre à toute heure du jour ou de la nuit. Même Sirius semblait plus préparé que lui, et pourtant Patmol était peut-être le mec le moins responsable du monde. James sentait donc l’angoisse monter en lui au fur et à mesure que les jours passaient, et ces derniers semblaient prendre un malin plaisir à se dépêcher. Bientôt Harry serait là et Cornedrue devrait trouver une réponse à toutes les questions qu’il se posait.

Mais aujourd’hui, il n’était pas question du futur rôle de papa de notre Maraudeur, mais bien de l’intégration de Sephora dans l’Ordre du Phénix. Du moins, si elle acceptait. Depuis l’attaque d’Halloween, James avait échangé plusieurs hiboux avec elle, et il lui semblait évident qu’elle avait envie de se battre et qu’elle avait ce qu’il fallait pour faire partie de l’Ordre. Elle lui avait sauvé la vie, après tout, et aux yeux de l’apprenti Auror, ça la qualifiait tout de suite comme recrue potentielle. Elle avait su garder son sang-froid, elle était restée quand elle aurait pu fuir, et malgré ses blessures elle semblait plus motivée que jamais à se battre contre Voldemort et ses idées. Pour James, il n’en fallait pas plus. D’autant plus qu’il connaissait plutôt bien la jeune fille, et qu’il lui faisait entièrement confiance. Il avait donc décidé de lui révéler l’existence de l’Ordre, et avait pour cela proposé un rendez-vous lorsque Sephora serait en vacances. Elle avait accepté, et quelques jours plus tôt le jeune Potter lui avait fait parvenir le lieu de retrouvailles.

Il avait pensé que se voir dans un endroit sorcier trop bondé serait la meilleure façon d’être écouté par des oreilles malveillantes, et il voulait à tout prix éviter les boulettes. C’était pour cela qu’il avait donné rendez-vous à la jeune fille dans un bar moldu dans un quartier résidentiel de Londres, assez peu fréquenté au milieu de l’après-midi. Il avait dû chercher un moment avant de trouver quelque chose qui lui convienne, et il s’était assuré que l’endroit serait suffisamment grand pour qu’ils puissent s’assoir dans un coin et discuter sans que le barman ne les entende. Il avait ensuite invité Sirius à se joindre aux retrouvailles. Il ne savait pas vraiment où en étaient les choses entre ses deux amis, mais il avait cru comprendre qu’ils seraient suffisamment civilisés pour ne pas s’entretuer au premier regard. James savait que Sirius aimait draguer Sephora, et peut-être même Patmol aurait-il voulu avoir une aventure avec la Gryffondor, mais Cornedrue savait aussi que les histoire d’amour ce n’était plus le truc de son frère depuis Anna… Et il craignait qu’avec le temps, Sephora ne baisse sa garde et se laisse aller à espérer quelque chose avec Patmol.

Il n’empêche qu’ils avaient tous deux accepté de le retrouver dans le bar à 15h, et qu’ils savaient tous qu’un sujet important serait abordé. Sirius était au courant de tout, bien évidemment, et James en avait même discuté longuement avec lui à travers leurs Miroirs à Double Sens la veille au soir.

James arriva quelques minutes en avance, comme il le faisait toujours lorsque l’occasion était importante. Les retards n’étaient réservés qu’aux cours et au boulot. Pour les trucs qui comptaient vraiment, comme l’Ordre, les rendez-vous amoureux avec Lily ou les rendez-vous chez le médecin moldu des bébés (qui avait sûrement un autre nom que Lily avait dû mentionner plusieurs fois mais que James n’arrivait décidément pas à retenir), il était toujours en avance. Il salua la jeune femme qui tenait le bar d’un signe de tête et d’un sourire poli, puis alla s’assoir directement à la table la plus éloignée du comptoir. Dans un coin, entre un flipper et une fenêtre, loin des toilettes. Il y avait quelques clients dans le bar, quasiment tous accoudés au comptoir en train de discuter avec la barman ou en train de jouer au billard un peu plus loin. Par de doutes, ils ne risquaient pas d’être entendus ici. Cependant le jeune homme vérifia discrètement que sa baguette était bien à portée de main, puis il s’assit et attendit que Sirius et Sephora le rejoignent. Pour s’occuper il se mit à jouer avec le faux gallion qu’il avait apporté pour donner à la jeune fille si elle acceptait sa proposition.

Décembre. Décembre et ses premiers flocons, Décembre et son atmosphère festive, joyeuse, Décembre et sa période de Noël. J'avais toujours aimé ce mois. Enfin, disons que depuis que j'étais à Poudlard, j'aimais ce mois plus que les autres. La première année, quand James avait compris que passer Noël chez moi était un véritable supplice, il avait renoncé à son Noël en famille pour rester avec moi. Puis Remus et Peter s'étaient joints à nous l'année suivante. La troisième année, pour la première fois, je passais Noël chez James, comme toutes les autres années depuis. Bien sûr, à peine les fêtes passées, Lunard et Queudverd nous rejoignaient au Manoir. Bref, Noël, depuis que j'étais entré à Poudlard, c'était la période où j'avais le plus l'impression d'avoir une véritable famille, c'était une période de joie, une sorte de rituel inébranlable, quelque chose que j'attendais avec impatience chaque année. Mais cette année, c'était un peu différent ...

Tout avait changé. Nous n'étions plus à Poudlard déjà. Et puis, l'heure n'était pas à la fête, et je n'arrivais pas à me réjouir de l'approche de Noël. Pas en sachant que ça serait mon premier Noël et le premier Noël de James sans Jackson Potter. Tout en sachant que Selena risquait fort de s'effondrer sans la présence de son mari lors de cette fête de famille. Je n'arrivais pas à me réjouir alors que James, Lily, Remus et moi nous remettions à peine de nos blessures, alors qu'autour de nous, on ne parlait que de mort, de guerre et de désolation. Alors que le désespoir, plus que jamais, était présent dans le monde sorcier. La seule chose qui me mettait un peu de baume au cœur, c'était l'arrivée imminente de Harry. Seulement, alors que James s'inquiétait principalement de la manière dont il allait pouvoir assumer son rôle de père - ce dont je ne me souciais guère, il serait parfait je le savais - ce qui m'empêchait de dormir la nuit, c'était plutôt l'idée qu'Harry arrive dans un monde aussi dévasté. Un monde où sa venue n'était même pas annoncé, où tout le monde croyait que Lily avait fait une fausse couche. Ce qui m'inquiétait, c'est que pourrait être le futur de Harry, avec son père qui risquait chaque jour sa vie, avec tous ses proches, sa mère, son père, son parrain, ses oncles, sa grand-mère, tous sans exceptions faisant partie de l'Ordre du Phénix, et donc étant des cibles probables pour les Mangemorts ? Que serait sa vie avec cette prophétie qui planait au dessus de sa tête, telle une épée de Damoclès, prête à s'abattre ?

C'était ces questions, ces inquiétudes sur le futur de mon filleul qui me poussaient à me battre, qui me maintenaient en place, qui me permettaient de ne pas fuir. C'était mon amour pour James et Lily, pour Remus et pour tous les autres qui m'empêchaient de fuir et de m'effondrer, parce que parfois je n'avais envie que de ça. Mais non, nous n'avions pas le droit. Nous devions combattre, pour vaincre les Mangemorts et pour mettre fin à cette guerre. Une bonne fois pour toute. Et pour cela, nous avions besoin de nouvelles recrues.

Sephora, notamment. Cette idée me trottait dans la tête depuis un moment, et apparemment, elle avait aussi traversé celle de James, car quelques jours plus tôt, il m'avait contacté pour que l'on donne rendez-vous à Sephora, histoire de l'intégrer à l'ordre. Bien que quelque peu réticent à cause de mon passé avec la jeune fille, j'avais accepté. Depuis qu'elle avait sauvé la vie de James, j'avais l'impression d'avoir envers elle une dette immense. Elle avait accompli la tâche qui était censé être la mienne, à savoir protéger mon meilleur ami, et depuis ce jour, elle avait remonté en flèche dans mon estime. Plus question de drague entre nous, maintenant, je la prenais au sérieux, véritablement, et je comptais le lui montrer. Que notre relation parte sur de nouvelles bases.

La veille, James et moi avions longuement parlé par Miroir interposé, et il m'avait indiqué l'adresse du bar moldu dans lequel nous avions rendez-vous. Je transplanais donc à quelques pâtés de maison de là, dans une ruelle, histoire de ne pas me faire remarquer, puis j'entrais dans le bar, presque vide, hormis quelques personnes au bar. J'approuvais mentalement. Pas de risque que l'on nous écoute. Je remarquais James à une table à l'écart et je le rejoignis en lui tapant sur l'épaule, avant de m'asseoir à ses côtés.

« Hey, Cornedrue ! Ça va ? Je t'ai pas trop fait attendre ? Comment va Lily ? »

Au même moment, le barman s'approcha de nous. Je commandais deux bières moldues, après un regard vers James pour m'assurer que ma commande lui convenait. J'hésitais un instant à commander pour Sephora, mais je ne voyais pas la jeune fille, et je ne savais pas quoi lui prendre, donc je laissais tomber.

[HJ : vraiment nul, et j'ai un peu tardé mais j'espère que ça ira !]

James, Sirius et

Sephora.

Dans son peignoir rose, Sephora regarda une fois de plus la lettre envoyée par James quelques jours plus tôt. L'heure et le lieu du rendez-vous y étaient inscrits, sauf que la jeune femme ignorait où cela se situait. Elle avait épluché les cartes de Londres en long, en large et en travers pour trouver le nom de la rue. James n'avait pas choisi un endroit simple. La petite blonde n'avait pas vraiment compris pourquoi il n'avait pas proposé le chaudron baveur au lieu d'aller se perdre dans le labyrinthe des ruelles et bars moldus de Londres. Mais Sephora avait appris, au fil du temps, d'arrêter de toujours vouloir tout comprendre et de tout contrôler. Si le jeune Potter avait choisi celui-là, c'était sans doute qu'il avait ses raisons. La jeune lionne se dirigea vers sa valise, qu'elle n'avait pas vraiment pris la peine de défaire. Cela faisait quelques jours maintenant qu'elle était rentrée de Poudlard pour les vacances de Noël, pourtant, elle ne s'était jamais sentie aussi mal qu'à cet instant. L'après-coup de l'attaque de Pré-au-Lard se rappelait à elle chaque jour un peu plus. Les douleurs physiques s'amenuisaient et disparaissaient plus le temps passait. Mais les douleurs mentales, la douleur psychique semblait s'installer dans bien des cœurs. Sephora s'inquiétait beaucoup pour ses amis. Evey et Maël traversaient tous les deux une période difficile, et c'était compliqué pour la jeune femme de les soutenir. Elle faisait de son mieux, mais c'était une tâche ardue de réconforter le jeune tennisman pour la mort de son meilleur ami, et la préfète-en-chef de Gryffondor de la mort de son frère, Benjamin. Elle n'avait qu'à se remettre de ses blessures, Maël de son mal-être, et Evey devait se battre contre les deux. Sa souffrance était tellement forte que Sephora en avait mal pour elle. La rouquine avait été la plus touché par l'attaque, qui l'avait plongé dans un profond coma durant plusieurs jours... Lorsqu'elle avait appris les morts de Jackson, Robert et enfin, pour finir, son frère, son traumatisme fut si fort qu'elle ne le supporta pas. Sephora avait du mal à se mettre à sa place, mais en y réfléchissant, elle savait qu'elle serait effondrée si par malheur, Christopher venait à mourir. Elle n'osait imaginer comment survivait sa meilleure amie.

De ses bagages, elle sortit une robe d'hiver, bien chaude. Les températures dégringolaient depuis quelques jours, et le temps se dégradait. Le début du mois de décembre était rude. Les parents de Sephora lui avait même certifié qu'ils n'avaient jamais eu aussi froid de leur vie. Sur les conseils de sa mère, la jeune femme enfila une paire de collants en laine. En les mettant, elle se sentit faiblir et s'assit sur son lit. Parfois, elle avait des étourdissements lorsqu'elle se penchait trop vite ou qu'elle faisait un effort trop grand. Les médecins lui avaient assuré qu'ils s'espaceraient au fil du temps. Ces derniers temps, elle se sentait mieux, mais elle gardait quelques petites séquelles, comme sa cicatrice sur le cou, marque qu'elle gardera à vie, symbole d'une cruauté et d'un acharnement sans limite, orchestrés par Lord Voldemort. Qu'est-ce que Sephora pouvait le haïr... Chaque jour, elle pensait à lui et à tous les malheurs qui s'étaient abattus sur l'Angleterre à cause de lui... La liste des victimes et des morts s'allongeait elle aussi et la gryffondor se demandait bien quand cela cesserait. Définitivement. Sephora n'arrivait plus à imaginer un futur simple et paisible depuis qu'elle avait été impliqué de près dans cette guerre. C'était bel et bien finit le temps de l'insouciance, le temps où la seule chose qui inquiétait la jeune femme était la note qu'elle obtiendrait à son devoir de métamorphose. La réalité était apparue comme évidente : Voldemort et ses sbires gagnaient du terrain chaque jour, et rien ne sera plus jamais comme avant. C'était fini les soirées près du feu à rire de tout et de rien, les promenades dans le parc. Il allait falloir se montrer courageux, et combatif. Sephora voulait s'impliquer davantage dans cette guerre, mais ses notes étaient en chute libre depuis l'attaque. Elle avait accumulé trop de retard, et avait du mal à tout rattraper, malgré l'aide sympathique de certains professeurs, notamment Dunstan McFly, qui lui avait proposé des cours supplémentaires et des cours de soutien pour l'aider. Elle craignait de n'avoir pas assez de bons résultats pour intégrer l'école des aurors à la rentrée prochaine. Elle fallait d'ailleurs qu'elle en touche quelques mots à James aujourd'hui. Il saura sans doute la conseiller. Elle commençait tout de même à accepter l'idée de redoubler l'année prochaine... Mais elle ne savait pas vraiment si elle supporterait d'être encore un an à Poudlard, surtout si ses amis s'en allaient.

Une fois sa tenue enfilée, Sephora se dirigea vers la salle de bain, pour tenter de camoufler au mieux sa cicatrice. Elle tamponna doucement sa plaie avec de la poudre, mais ça ne changeait pas grand chose au final. Cette marque lui resterait à vie, alors autant s'accommoder au plus vite d'elle. Elle attrapa son manteau et son sac à main, et signala à sa mère qu'elle partait. Après mille recommandations, elle lui intima de rentrer le plus vite possible. Depuis l'accident, Sephora était sujette à une surveillance plutôt agaçante. Heureusement qu'ils ignoraient tout sur la guerre et croyaient que leur fille était tombée de son balai... S'ils savaient qu'elle avait failli mourir... Elle n'aurait plus le droit de sortir. Elle les connaissait trop bien. Ils se faisaient déjà suffisamment de soucis pour elle. Pas la peine de les inquiéter davantage. Elle regarda l'horloge du salon. Elle n'était pas en avance. Elle transplana aussitôt dans le quartier sorcier de Londres, il était hors de question d'atterrir elle ne savait trop où dans le Londres moldu, au risque d'exposer la magie. Elle lut le premier panneau qu'elle croisa et sut qu'elle ne devrait pas être très loin. Elle tourna à droite, puis à gauche, et s'embarqua dans une petite ruelle. Elle regarda autour d'elle, un peu perdue. Elle traversa la rue puis décida de continuer encore un peu plus loin. Elle était vraiment pas très douée en orientation. Mais en changeant de trottoir, elle aperçut l'enseigne que James avait mentionné dans sa lettre. Elle entra dans le bar. Elle balaya du regard celui-ci, il n'y avait pas grand monde. Pas très étonnant à cette heure-ci. De plus, il était plutôt éloigné du centre ville, il fallait vraiment savoir qu'il était là. Au loin, elle vit James et Sirius assis dans le fond de la salle, qui discutaient. Elle se mordit la lèvre, elle n'était pas en avance. Elle s'assit en face d'eux : « Salut les gars, désolé pour le retard. Je me suis un peu perdue. » Elle leur leur sourit en retirant ses gants, son bonnet, son manteau et son écharpe. Elle allait ouvrir la bouche pour avoir des nouvelles lorsqu'un serveur arriva avec leurs commandes, et lui demanda ce qu'elle souhaitait. « Une bière-au... Enfin, un chocolat s'il-vous-plaît. » Elle avait failli commander une bière-au-beurre dans un bar moldu, bonjour la discrétion... Elle leva aussitôt les yeux sur Sirius, le fixa intensément durant quelques secondes. Elle lui en voulait encore, enfin, un peu. Elle savait pas trop comment se positionner par rapport à lui. Elle choisit la situation la plus confortable pour elle en demandant à James : « Alors, comment ça va ? »

James répétait mentalement le discours qu’il avait préparé et qu’il comptait servir à Sephora à propos de l’Ordre du Phénix. Il voulait être sûr de ne rien oublier et de ne pas faire de conneries, parce que c’était trop important pour qu’il prenne ça à la légère. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être nerveux ou simplement si sérieux, mais quand ça touchait à l’Ordre James devenait immédiatement beaucoup plus mature qu’il ne l’était le reste du temps. Il n’avait parlé de l’Ordre qu’à une seule personne non membre jusqu’à présent, et cette personne était Evey elle-même. Et il l’avait fait uniquement parce que la jeune fille était venue le trouver et l’avait forcé à tout révéler. Aujourd’hui elle faisait bel et bien partie de l’organisation, elle avait son propre gallion et était prête au combat comme chacun d’entre eux. Peut-être cela serait-il le cas de Sephora également, à la fin de cette journée. James l’espérait vraiment, en tous cas.

D’une part parce que l’Ordre manquait toujours de recrues, surtout face au nombre grandissant de Mangemorts, et d’autre part parce que si la jeune fille voulait vraiment se battre il était mieux qu’elle soit entourée et encadrée. Le jeune Potter avait très vite compris que seul le désir de résister à Voldemort ne faisait pas de lui un combattant, et c’était l’Ordre qui lui avait donné les moyens et la possibilité de se dresser face au Mage Noir. Et c’était également à travers l’Ordre qu’il avait amélioré ses compétences de duelliste et ses capacités en DFCM. Peut-être cela pourrait aider son amie à intégrer le service des Aurors à la rentrée, qui sait ? D’un autre côté il culpabilisait de lui proposer un truc pareil. Il savait très bien qu’en la faisant intégrer l’Ordre, il plaçait Sephora en première ligne du combat contre le Seigneur des Ténèbres. Il ne lui cacherait pas les risques, mais si elle acceptait et qu’il lui arrivait quoi que ce soit, le jeune homme savait d’ores et déjà qu’il en serait responsable.

Sirius coupa court à ses pensées en lui tapant amicalement sur l’épaule. James lui rendit son sourire, heureux de le voir. Même si James ne travaillait toujours pas, il passait assez peu de temps en dehors de son foyer et loin de sa femme enceinte. Il était venu plusieurs fois tenir compagnie à son frère pendant les entraînements auxquels il ne pouvait pas participer à cause de ses blessures, mais depuis début décembre Cornedrue était devenu principalement un homme d’intérieur. Il n’avait donc pas vu son frangin depuis un petit moment, même s’ils discutaient régulièrement grâce à leurs miroirs à double-sens. Patmol s’assit sur la chaise à côté de James, et lui posa quelques questions avant de leur commander deux bières en réponse à la question du serveur. Le jeune Potter acquiesça pour signifier qu’il approuvait totalement ce choix de boisson, puis donna une tape amicale sur l’épaule de son frère.

-Ah mon Patmol, je vais bien et toi ? Non t’en fais pas, je suis là depuis quelques minutes seulement, j’voulais m’assurer qu’on aurait une table bien éloignée du bar pour être tranquilles. Lily va aussi bien qu’elle puisse aller avec un morpion qui refuse tout net de sortir pour l’instant. Même pas encore né qu’il nous rend déjà dingue ce gamin ! Et pour toi, comment se passent les entraînements ?

Ils eurent un petit moment pour discuter avant que Sephora n’entre à son tour dans le bar. Elle était emmitouflée de la tête aux pieds, ce qui surprit James qui ne se souvenait pas qu’il faisait aussi froid dehors. Les deux garçons la regardèrent s’avancer jusqu’à leur table, et James la gratifia d’un large sourire. Elle s’assit en face d’eux, et leur expliqua qu’elle avait eu du mal à trouver le lieu de rendez-vous, ce que fit rire Cornedrue. Effectivement, il n’avait pas choisi l’endroit par hasard, et le fait qu’aucun sorcier ne connaissait ce bar était la principale raison de son choix. Personne ne devait les surprendre, et personne ne devait entendre la conversation qu’ils allaient tous les trois avoir.

-C’était le but ! Enfin, pas que tu te perdes… Mais qu’on ait du mal à nous trouver. Tu comprendras tout à l’heure pourquoi.

Il lui adressa un nouveau sourire, content de pouvoir jouer les mecs mystérieux. Ca ne lui arrivait pas souvent, alors il pouvait bien en profiter un peu ! Il se demandait si Sephora avait la moindre idée de ce dont ils voulaient lui parler, et il décida que si c’était le cas elle cachait très bien son jeu. Lorsqu’elle retira son écharpe le regard du jeune Potter tomba sur la vilaine cicatrice qui lui barrait le cou et il se raidit sensiblement. Il n’avait aucun doute sur l’origine de cette blessure : elle l’avait reçue à Pré-au-Lard, quand la boutique de Quidditch s’était effondrée sur eux. Boutique de Quidditch dans laquelle il l’avait conduite alors que Maugrey avait demandé à tout le monde de s’enfuir avant que les choses ne dégénèrent trop. C’était entièrement de sa faute à lui si Sephora avait été blessée, entièrement de sa faute si elle portait cette cicatrice aujourd’hui. S’il ne s’était pas proposé comme appât pour détourner l’attention de Lord Voldemort comme un idiot, Sephora n’aurait jamais eu à lui porter secours et elle se serait trouvée loin de Pré-au-Lard au moment de l’explosion.

Perdu dans ses pensées, le jeune homme n’avait pas remarqué la bière que le serveur avait posée devant lui, et entendit seulement la question de la Gryffondor, qui semblait lui être adressée. Machinalement, il attrapa sa bière.

-Je suis vraiment désolé Sephy… Pour tes blessures. Les miennes sont presque guéries, celles de Lily aussi alors je vais bien. Mais toi… Toi, comment tu vas ?

James n’avait pas du tout remarqué que Sephora ne s’était pas adressée à Sirius, probablement à cause de ce qu’il s’était passé entre eux. Le jeune Potter avait été trop concentré sur lui-même pour remarquer le comportement de son amie, mais Sirius était de toute façon suffisamment grand pour se débrouiller tout seul. Il n’avait jamais eu sa langue dans sa poche, et il avait un don pour se faire pardonner les trucs les plus extravagants. Jamais une fille n’avait pu lui en vouloir trop longtemps, et James lui-même était bien incapable de ne pas pardonner les conneries de Patmol. Black saurait donc bien faire en sorte que Sephora lui pardonne son comportement de goujat, James n’en doutait pas une seconde.

[Désolée c’est pas trop We are the secret society 358858

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Sirius&Sephora&James

Je m'inquiétais un peu tout de même. Annoncer à quelqu'un qu'on faisait partie d'une organisation illégale qui luttait contre le Seigneur des Ténèbres, c'était pas anodin. Il y avait toujours un risque qu'elle n'accepte pas, et je n'avais franchement aucune envie d'avoir à effacer la mémoire de Sephora pour protéger l'Ordre. En même temps, j'étais certain que Sephora accepterait. J'avais même l'impression qu'elle n'attendait que ça, et encore plus depuis l'attaque. Un moyen de lutter. Comme nous tous en fait. Un moyen de lutter contre la barbarie, un moyen d'agir, de se sentir utile, un moyen de protéger ses proches, un moyen de savoir que l'on fait quelque chose pour arrêter ce massacre. Et surtout, un moyen de combattre ses propres démons. Bien que niveau démons, je sois encore assez épargné, depuis la dernière attaque et mes blessures, il y avait certaines nuits où j'avais du mal à dormir. Bien que je ne l'aurais jamais avoué à personne, peut être pas même à James. Mais la hantise de ne plus jamais parler, la hantise de ne plus pouvoir jouer au Quidditch, toutes ces peurs qui avaient été présentes pendant les premiers jours de mon hospitalisation n'avaient pas tout à fait disparu ... Et ma peur pour James, pour Lily, pour Harry ... Ça m'avait presque traumatisé. Ma culpabilité aussi. Je n'avais sauvé ni James, ni Lily. Mon futur filleul avait été mis en grand danger et tout cela par ma seule faute. Je n'arrivais pas à me détacher de ça, je m'en voulais d'avoir laissé James seul face à Lord Voldemort, je m'en voulais d'avoir laissé Lily entre les mains d'un mangemort et de n'avoir rien pu faire pour la retenir.

L'Ordre du Phénix aidait à faire face à cela, et j'espérais que pour Sephora, ce serait pareil. Aussi effroyable que cela puisse être, combattre, s'impliquer, cela aide à apaiser les douleurs de l'âme, je m'en été rendu compte assez tôt. Même si certains considéraient cela comme affreusement dangereux pour des "gosses" comme nous, ou du moins, comme Sephora, qui était encore à l'école. Moi, qui m'était engagée très tôt, comme James, ou Remus, je considérais aujourd'hui cela comme nécessaire. Rien d'autre. Bien sûr, avant, je trouvais que c'était un moyen de prouver mon héroïsme. Un moyen de me détacher un peu plus de mes parents, de ma famille. Un moyen de botter le cul à ces enfoirés de mangemorts. C'est toujours le cas d'ailleurs, mais une nouvelle raison est apparue. Une petite voix qui, quand je suis en pleine phase de découragement, me susurre à l'oreille "et si c'est pas toi, qui le fera, qui, alors ?". On a besoin de personnes comme James, comme Lily, comme Remus, comme moi. Comme Franck, Alice. Comme Selena, comme Maugrey. Comme Dumbledore, aussi, surtout. Des personnes qui prennent les choses en main et qui se dévouent pour le bien de la communauté à la lutte contre les forces du mal. Ça peut paraître présomptueux, et bien sûr, ce n'est pas la raison principale, ce n'est même pas l'une des raisons de mon engagement en fait. Je ne suis pas un héros, je ne suis même pas un type bien, qui a décidé de protéger sa patrie. Je ne suis pas James, qui a choisi de devenir Auror. Mais parfois, quand le désespoir pointe le bout de son nez, se dire que l'on sert une noble cause, ça aide.

« Hum, ouais ben t'as bien trouvé le bar ! Heureusement que je connaissais l'adresse de nom pour avoir déjà traîné par ici, sinon je me serais perdu. Je passerai chez vous un de ces soirs, il faudrait que je vois Lily un peu, avant que le gosse arrive. Que je contemple son énorme ventre une dernière fois. » ajoutai-je, moqueur. « Moi les entraînements c'est ... Crevant. Angela me remet à niveau après mon congé maladie, c'est horrible. J'ai des heures en rab, je dois me muscler, me réhabituer au sport intensif, bref je te passe les détails. »

Nous continuâmes de discuter un peu, quand la clochette de la porte sonna et qu'une petite blonde entra en trombe dans le bar. Un petit sourire appréciateur apparut sur mes lèvres. Je ne pouvais m'empêcher de remarquer qu'elle était vraiment mignonne. Avant qu'elle n'arrive, je gommais toute trace de ce sentiment dans mon esprit. J'avais promis à James que je ne me conduirai plus de cette manière avec Sephora, pour le bien de l'Ordre. Et puis de toute façon, si je voulais vraiment conquérir son amitié, il ne valait mieux pas que je ravive de vieux souvenirs. Elle s'installa à la table et j'allais la saluer quand elle me fixa intensément. Je compris en un instant qu'elle m'en voulait encore. Elle s'adressa alors à James, sans plus me calculer. Je soupirai intérieurement. Bon ... Comment me faire pardonner sans user de mes charmes de tombeur, pour ne pas qu'elle croit que je voulais de nouveau l'emprisonner dans mes filets ? Je laissais James répondre, avant d'intervenir.

« Ca fait plaisir de voir que ma présence est essentielle à la conversation, dites donc. » grimaçais-je, un peu vexé quand même. « Sephora, avant qu'on commence à te parler de ... et bien de choses et d'autres, je dirais, j'aimerai m'excuser. Enfin, je l'ai déjà fait par lettre, mais je comprends si ça n'a pas suffit ... De vive voix cette fois. Je n'aurais pas dû me comporter comme ça avec toi, ce n'était pas bien. Mais je ... Comment dire ... Je suis comme ça. C'est vraiment nul comme excuse, en fait. » soupirai-je en laissant échapper un petit rire. Bordel, je détestais m'excuser. « Je peux pas m'empêcher d'être comme ça avec les filles, et je sais à quel point ça a pu te faire mal. Je te jure que je t'appréciais, et que je t'apprécie toujours vraiment. Je n'ai jamais prémédité de t'abandonner avant la fête, disons que ... Vu les circonstances, mon amitié pour James est passé avant le reste, tu comprends ? Mes excuses sont vraiment pourries. Mais je voulais juste te dire désolé, parce que je comprends que ça n'a pas dû être très agréable, et je comprends que tu m'en veuilles. Mais j'aimerai vraiment que tu me pardonnes. Et je voulais aussi te remercier d'avoir sauvé la vie de James. Si ... Si tu n'avais pas été là, il serait ... Désolé, Cornedrue, de raviver ça, c'est pas top, mais je devais le dire. T'as sauvé mon frère Sephora, et même si tu me détestes pour ce que je t'ai fait - ce qui serait bête quand même, parce que je te jure que si je fais un très mauvais petit copain, je fais un très bon ami - moi, tu seras toujours dans mon estime pour ça, et je m'en souviendrai jusqu'à ma mort. » Devant mon ton quasi religieux, je me sentis légèrement ridicule et je rajoutais pour détendre l'atmosphère. « Et James, arrête de rire, c'est un moment très solennel, je t'interdis de te foutre de ma gueule. »

C'était le mieux que je pouvais faire et j'espérais vraiment que Sephora s'en contenterai.

Spoiler:

James, Sirius et

Sephora.

Sephora frissonna en enlevant son manteau d'hiver. Elle devenait frileuse. À moins qu'avoir été enfermée dans un centre de soin surchauffé puis dans la maison familiale l'avait conditionné. Désormais, la moindre brise la faisait frémir. Elle réajusta son gilet et posa son regard sur James et Sirius. Elle avait l'impression qu'elle ne les avait pas vu depuis une éternité. Pourtant, cela ne faisait pas si longtemps que cela, mais la dernière fois, ils n'avaient pas vraiment eu le temps de discuter. En même temps, se faire attaquer par Voldemort et ses sbires, se faire brûler pour James, se faire écraser par les murs du magasin de Quidditch ? Cela n'était pas vraiment propice à la conversation. Des tas de choses avaient changé depuis. D'abord, Sephora avait du se remettre de ses blessures, doucement, et ensuite, il avait bien fallu encaisser l'après-coup. Apprendre la mort du père de James, apprendre la mort de Robert, apprendre la mort du frère d'Evey. Tout cela, cela faisait mal. Elle avait du gérer la souffrance de Sasha, de Maël et de sa rouquine... Et là, devant James... C'était encore dur d'éprouver de la compassion. Elle ne préférait rien dire finalement. Elle le regarda lui sourire et elle chassa ses mauvaises pensées. Il lui affirma que se perdre, c'était le but. Sephora haussa les sourcils et se mordit la lèvre. Que voulait-il dire par là ? « Que de mystère... » Elle allait demander la raison pour laquelle il avait voulu la rencontrer ici, mais il enchaîna : « Je suis vraiment désolé Sephy… Pour tes blessures. Les miennes sont presque guéries, celles de Lily aussi alors je vais bien. Mais toi… Toi, comment tu vas ? » Elle allait répondre lorsqu'elle se fit devancer par Sirius. Décidément, la journée s'annonçait pleine de surprises.

« Ca fait plaisir de voir que ma présence est essentielle à la conversation, dites donc. Sephora, avant qu'on commence à te parler de ... et bien de choses et d'autres, je dirais, j'aimerai m'excuser. … » Il continua à parler, sous l’œil médusé de Sephora. Sirius Black, le grand Sirius Black en personne lui faisait des excuses. Personnellement, la jeune blonde était certaine que c'était une chose rare, à graver dans les annales. Il lui expliqua à quel point il se sentait nul d'avoir agi de la sorte avec elle, et aussi à quel point il se sentait redevable par rapport à ce qu'elle avait fait pour James. Le serveur arriva et lui servit son chocolat. Elle posa les mains sur sa boisson et continua à fixer le joueur de Quidditch tout en essayant de le comprendre. Ce garçon était un mystère à lui tout seul. Elle avait bien du mal à le cerner. Le ton qu'il employait était si solennel qu'elle avait l'impression d'être la reine mère en personne. « Tu seras toujours dans mon estime pour ça, et je m'en souviendrai jusqu'à ma mort. » Elle l'écouta jusqu'au bout, et au final, elle laissa le silence s'installer entre eux. Elle fallait qu'elle remette ses idées en places. Elle avala une gorgée de son chocolat et dit : « Bon, les gars, faut mettre les choses au clair. ARRÊTEZ de vous excuser bordel ! Non mais sérieusement, j'ai fait ce qu'il me semblait être juste, et je peux affirmer que dans n'importe quelles conditions, vous auriez fait pareil pour moi, n'est-ce pas ? » Du moins, Sephora aimait le penser. Elle s'entendait vraiment bien avec James, et il comptait pour elle, elle aimait à croire que lui aussi, aurait risqué sa vie si elle s'était retrouvée dans une situation dangereuse. Quant à Sirius, c'était une autre affaire. « Et Sirius... Franchement, n'y pensons plus. Je sais vraiment pas ce que j'attendais de toi. Enfin, j'veux dire, je sais que... » Sephora allait dire qu'elle n'était pas assez bien pour lui, mais elle se ravisa. Il fallait qu'elle cesse de se sentir inférieure. Elle n'était pas inférieure. Seulement, elle avait tellement été déçu par les hommes qu'au final, elle se demandait si elle n'était pas devenue allergique aux relations amoureuses. « Non, enfin, je sais pas ce que j'espérais, mais moi, maintenant, je considère que c'est du passé, et je ne veux plus y penser. Pas une seule seconde d'accord ? » Elle espérait avoir été clair. Elle ne voulait plus aborder le sujet. Plus maintenant. Elle se retourna vers James, se souvenant de sa question initiale : « T'en fais pas James. Ça va. » Elle toucha inconsciemment sa cicatrice. Cela devenait quasiment routinier maintenant. Dès qu'elle se perdait dans ses pensées, elle ne pouvait s'empêcher de frôler du bout des doigts cette marque indélébile qui ornait désormais son cou. « Les blessures physiques se referment sans doute plus facilement que les blessures morales, non ? » déclara-t-elle tout en sachant que c'était vrai. Néanmoins, elle n'attendait aucune réponse à cette question. Elle se contenta de regarder James et Sirius hocher la tête en signe d'approbation. Elle enchaîna : « Bon, je croyais que t'avais quelque chose à me dire James ? À moins que tu ais décidé de me traîner ici juste pour avoir le plaisir d'entendre Sirius me faire des excuses ? » Elle les gratifia d'un léger sourire. Ils n'étaient certainement pas là pour parler de la pluie et du beau temps. Sephora avait hâte de savoir ce qu'ils leur cachaient. Pourtant, elle avait beau réfléchir, elle ne voyait absolument pas ce que cela pouvait être. Pourquoi lui avait-il demandé de venir ?

Se retrouver dans un bar en compagnie de Sirius rappelait à James de nombreux souvenirs heureux. Et même si aujourd’hui ils étaient réunis pour discuter de quelque chose de sérieux, ça n’empêchait pas notre Maraudeur de se remémorer les bons moments qu’il avait passé avec son frangin autour d’une bière-au-beurre, à raconter des bêtises à Mme Rosemerta pour la faire rire. Ils en avaient passé du temps aux Trois-Balais avec elle, à faire les idiots, ou encore au Chaudron Baveur pendant les vacances à jouer aux cartes avec Tom. Boire un verre avec les Maraudeurs était une activité que James affectionnait tout particulièrement, parce que ça menait généralement à une idée débile de Sirius ou de lui-même, et ils finissaient toujours par faire quelque chose d’interdit mais de très drôle. Alors certes aujourd’hui ça avait peu de chances de se finir ainsi, mais le jeune Potter avait la sensation de se retrouver quelques mois plus tôt et ça lui faisait du bien.

Sirius lui promit de passer voir Lily bientôt, avant qu’elle n’accouche. Cornedrue en fut ravi, parce que ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas eu le cabot à dîner et ça lui manquait. D’autant plus que Lily aurait déjà dû accoucher depuis deux semaines et qu’elle commençait à en avoir ras le chaudron. James était un peu plus mitigé sur la question, et même s’il s’inquiétait de voir que bébé Harry refusait de sortir il n’était pas sûr d’être prêt à devenir père non plus. Patmol enchaîna sur ses entraînements quotidiens, et le jeune Potter ne put s’empêcher de rire.

-En même temps tu deviens plus flasque que Servilus mon cher Patmol ! Evidemment, c’est dur de maintenir une plastique de rêve telle que la mienne, mais là quand même, c’est tout mou. Il fit mine de tester les biceps de son frère et fit une moue désapprobatrice. Enfin, Lily sera quand même contente de te voir et ma mère aussi !

Il plaisantait bien sûr, Sirius n’avait pas à ce point perdu de muscles. D’ailleurs, James ne voyait même pas vraiment la différence et n’estimait pas que son frangin avait besoin de se « remuscler ». Enfin bon, il n’était pas professionnel dans le domaine non plus, et il n’irait pas contredire les ordres d’Angela, qu’il avait déjà vue à l’œuvre pendant les entraînements et dont il avait relativement peur. Et puis si ça faisait râler Patmol, ça faisait forcément rire Cornedrue, et il n’allait pas s’en plaindre. Les deux compères reçurent leurs bières et eurent un peu de temps pour discuter à loisir avant que Sephora ne les rejoigne. James était heureux de ce petit moment avec son frère, car il avait la sensation qu’ils se faisaient rares. Certes ce n’était pas totalement vrai, car il voyait encore Sirius très souvent, et s’ils ne pouvaient se rejoindre ils communiquaient avec leurs miroirs à double-sens, mais comme ils n’étaient plus inséparables comme à Poudlard, le jeune Potter avait la sensation qu’ils s’éloignaient. Et ne parlons même pas de Remus et Peter, qu’il voyait beaucoup moins qu’il n’aurait voulu.

Sephora pénétra alors dans le bar et vint les rejoindre. Elle les salua, passa sa commande, puis s’adressa uniquement à James. Ce dernier ne le remarqua pas le moins du monde, absorbé qu’il était dans la contemplation de la cicatrice de la jeune fille. Il fut submergé par une vague de culpabilité qui le poussa à s’excuser au moins pour la cinquième fois auprès de son amie. Sans lui et ses idées stupides, elle n’aurait jamais été blessée. Et puis, il lui devait la vie aussi. Sans elle, il serait mort sur cette estrade, et il lui en serait éternellement reconnaissant. Il la vit ouvrir la bouche pour lui répondre, mais elle fut devancée par Sirius qui se lança dans un long monologue. James se tourna vers lui et l’observa, surpris. Au fur et à mesure de ses paroles, Cornedrue se sentit sourire et il fit son possible pour se retenir de rire. Patmol tentait de s’excuser de son comportement auprès de Sephora, et il cherchait aussi à exprimer sa gratitude. Il reparla de la soirée d’Halloween, s’excusant de raviver de mauvais souvenirs. James haussa rapidement les épaules, il y pensait depuis que Sephora les avait rejoins, alors Sirius ne mettait rien d’embarrassant sur le tapis. Finalement, la dernière phrase de Black eu raison du sérieux forcé de James qui se mit à rire ouvertement. Il donna une tape amicale sur l’épaule de son frère, essayant de ne pas trop se moquer quand même.

Son regard se porta vers Sephora, attendant sa réponse. Il était touché par les paroles de Sirius, surtout celles qui le concernaient. Si les rôles avaient été inversés, si c’était la vie de Sirius que Sephora avait sauvée, James n’avait aucun doute quant à la reconnaissance éternelle qu’il aurait envers la jeune femme. Patmol était son frère depuis de nombreuses années, et il donnerait mille fois sa vie pour sauver la sienne. La réaction de leur amie surpris le jeune Auror, et le fit sourire. Il baissa un peu la tête, comme s’il était fautif, avant de se reprendre. Bon, apparemment Sirius et lui s’excusaient beaucoup trop par rapport à ce qu’il s’était passé ce soir là. Sephora le lui avait déjà dit par lettre, mais James n’était pas vraiment du genre à écouter. Il acquiesça vivement lorsqu’elle déclara qu’ils auraient fait la même chose pour elle. Oui, sans aucun doute. Cornedrue était peut-être considéré comme égoïste par la plupart de ses camarades, il n’empêche qu’il était un ami loyal et qu’il ne laissait jamais personne derrière. Il aurait risqué sa vie pour Sephora, il n’en doutait pas. Et il le ferait si besoin était dans le futur. Il ne répondit cependant pas à haute voix, préférant laisser la jeune fille finir sa tirade.

Elle lui assura qu’elle allait bien, que les blessures physiques guérissaient plus vite que les autres. A ces mots, James eut une moue un peu triste. Oui, le corps récupérait bien plus vite que l’esprit, et sa cicatrice aurait disparue qu’elle se souviendrait encore de chaque minute de ce soir là. Lui-même n’avait plus vraiment de traces de l’attaque en dehors de quelques marques de brûlure et pourtant il se souvenait avec précision de la douleur qu’il avait ressentie, de sa peur aussi. Et ça, il ne s’en débarrasserait pas aussi facilement. Sephora déclara également à Sirius que tout ce qui avait pu se passer était de l’histoire ancienne et qu’elle ne voulait plus en entendre parler. Apparemment, ils étaient réconciliés, ce qui enthousiasmait notre Maraudeur. Il n’en avait pas douté une seconde ! La jeune fille finit par lui demander pourquoi il l’avait faite venir, et James éclata de rire.

-Les excuses étaient une grosse motivation, j’avoue ! Et je dois dire que j’ai pas été déçu, quelle verve Patmol ! Par contre il dit vrai Sephora, il fait un très mauvais petit ami, j’ai eu que des plaintes !

Il ne savait pas exactement pourquoi, mais il se sentait de très bonne humeur. Il avait envie de rire, de plaisanter, et de se moquer de Sirius. Comme quand ils étaient encore en cinquième année et qu’ils passaient leur temps à se chamailler. Comme quand ils n’avaient aucun sujet grave à aborder. Peut-être était-ce de revoir Sephora et Sirius en même temps qui lui rappelait le temps du collège, peut-être que le serveur avait mis quelque chose dans son verre… Toujours était-il que Cornedrue était de fort bonne humeur, et que ça l’embêtait de gâcher ça avec la présentation de l’Ordre. Mais bon, il n’avait pas fait venir Sephora pour faire le pitre. Il se pencha en avant, et baissa un peu le ton. Il jeta un coup d’œil à Sirius pour vérifier qu’il approuvait toujours, puis se jeta à l’eau.

-On t’a faite venir parce qu’il y a quelque chose de très important dont on voudrait te parler. Ca fait un moment que je me pose des questions à ton sujet, et ce que tu m’as dit dans ta lettre en plus de ton comportement à Halloween m’a décidé à sauter le pas. Je pense que tu as entendu parler de l’Ordre du Phénix, l’association que Dumbledore a créée il y a deux ans pour se battre contre Voldemort et qu’il a officiellement dissoute l’année dernière ? C’était partout dans la Gazette.

Il fit une pause, espérant sincèrement que la jeune fille saurait de quoi il parlait. Si ce n’était pas le cas, elle allait probablement le regarder avec des yeux ronds comme des soucoupes. Sirius se chargerait de la description si besoin était, il en était certain. Il chercha ses mots un instant, assez nerveux. Vraiment, recruter des gens ce n’était pas son dada. Le métal du faux gallion qu’il serrait dans sa main depuis le début de la conversation sembla lui donner un peu de courage, et il reprit.

-Eh bien il l’a pas vraiment dissoute. Elle est juste devenue encore plus secrète qu’avant. Sirius et moi, on en fait partie, avec d’autres. Dumbledore nous forme, il nous donne des conseils et nous pousse à nous entraîner au duel. Il nous apprend à réagir en situation de crise aussi, comment ne pas perdre son sang froid, comment ne pas prendre de décisions stupides… Comme tu peux le voir, j’ai encore de la marge de ce côté-là ! Il eut un sourire, et jeta un nouveau regard à Sirius. Alors voila, comme tu as envie de te battre, comme tu as envie de participer à tout ça, on a pensé que ça serait bien de t’offrir la possibilité de te joindre à nous.

Il se recula dans son siège, pour laisser sa camarade assimiler ses paroles. Elle aurait sûrement des questions, et il savait que Sirius et lui étaient prêts à répondre à tout. Il espérait juste qu’elle accepterait leur proposition, sans quoi ils devraient modifier sa mémoire et il n’en avait vraiment pas envie. Il avait confiance en la jeune fille et savait qu’elle ne parlerait pas, mais il ne pouvait pas trahir l’Ordre en prenant le risque.

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